On se souvient que OOMO TOA, un des “ummites” apparus sur le réseau Twitter déclarait en 2015 que leur ancienne base secrète extraterrestre de la Javie avait été découverte fortuitement en 1972 par des chasseurs du 11e B.C.A. de Barcelonnette.
Plus de cinquante ans ont passé et nous avons (enfin) eu des nouvelles au sujet de ce qu’ils ont pu découvrir à l’intérieur. Merci à l’informateur anonyme qui s’est confié. OOMO TOA aurait-il dit la vérité pour une fois ? Je dois reconnaître que j’ai reçu ses confidences avec un certain scepticisme, pour ne pas dire un scepticisme certain.
Illustration réalisée par Craiyon V4 (https://www.craiyon.com)
Ne vous excitez pas trop vite, vous seriez déçus ; les ummites, fidèles à eux-mêmes, n’y ont laissé aucune technologie extraterrestre récupérable, contrairement aux Greys qui laissent s’écraser leurs soucoupes partout, les pauvres.
Alors ? Qu’ont découvert nos militaires en goguette ?
A l’extrémité d’une galerie s’enfonçant de quelques mètres en profondeur, les chasseurs aboutirent dans une structure creuse en dôme hémisphérique d’une vingtaine de mètres de haut. Les cloisons avaient été soigneusement taillées dans la roche et lissées, mais nulle trace de revêtement n’était visible. Au centre de cette immense salle vide où résonnaient les pas des militaires, trônait un petit équipement étrange, une sorte d’offrande laissée à notre humanité. Mais s’agissait-il d’un cadeau ou d’un dernier message ?
Cet appareil était bricolé de toutes pièces. Il comportait, et c’est ce qu’on remarquait immédiatement, un clavier de piano, mais tout le système de cordes avait été remplacé par de fines tubulures reliées à de minuscules récipients équipés de clapets.
Et il y avait un jeu de partitions, dessinées d’une main tremblante, comme maladroite, à l’encre noire. Son titre, très sobre, parut bien mystérieux aux montagnards qui l'examinaient avec curiosité : “OYAGAA”.
Évidemment, le meilleur musicien du groupe voulut interpréter le 1er morceau ; la tentation était trop grande. Si son chef avait su que cet engin avait été conçu par des extraterrestres, il lui aurait sans doute interdit cet essai potentiellement dangereux, mais en l’occurrence, tous pensaient que c’était une invention bricolée par quelque loufoque local.
Et le voilà en train de jouer : « Transports réservés aux gueux ». A peine avait-il posé ses doigts sur les premières notes du clavier que tous se regardèrent, interloqués. La machine ne produisait aucun son, mais des odeurs : celle de freins qui chauffent, d’aisselles mal lavées, d’urine, de désinfectant, de vinasse et de vomi.
Inutile de préciser que l’artiste improvisé mit vite terme à cette étrange symphonie, sous les protestations de ses camarades qui se bouchaient maintenant les narines avec une mine dégoûtée.
La 2e partition avait un titre plus prometteur : « Bouquet terrien ». Non, ce n’était pas de la crevette pourrie (Palaemon serratus pour les intimes), mais une délicate succession de parfums fleuris : jasmin, lys, rose, magnolia, lilas, tubéreuse et héliotrope.
Plus enthousiaste désormais, mais avec une certaine appréhension, notre musicien attaqua le dernier passage : « Regrets éternels ». Une suave odeur de fraises fraîches, d’arômes réconfortants de lait et de crème enveloppa l’équipe qui eut soudain une irrésistible envie de glace à la fraise.
Le matériel disparut très rapidement dès que les soldats firent leur rapport.
Mon contact, qui voulut réexaminer la bête de plus près, ne comprenant pas de quoi il s’agissait, fit chou blanc en y retournant trois jours plus tard.
La salle était encore plus vide qu’avant et les murs avaient été recouverts de graffitis et de tags urbains classiques. On avait ajouté un vieux matelas, quelques bouteilles vides et des caillebotis cassés en bois. Ce n’est que des années après qu’il entendit parler de UMMO…