Cela faisait près de trois heures terrestres que j’avais quitté le spatioport de M1245P3 et je rampais toujours dans les eaux glauques et fétides qui recouvraient presque entièrement cette fichue planète.
Je progressais difficilement, enfoncée jusqu’aux yeux dans une matière collante et pultacée dont je préférais ignorer la teneur.
Illustration originale réalisée à partir de cliparts de https://openclipart.org/
Pourquoi donc avais-je accepté ce poste de chasseur de zarbis ? Les zarbis sont, pour ceux qui l’ignorent, les nouveaux animaux de compagnie à la mode chez les 2% de privilégiés terriens, bref le joujou en vigueur pour ceux qui attendent que tout leur tombe tout cuit dans le bec. En fait, je savais bien pourquoi j’étais là, trébuchant dans les racines immergées des palétuviers locaux : je faisais partie des 98% restants !
Pestant, suant, avec ce qu’il fallait de discrétion pour ne pas me faire repérer par les gloubis que je voulais piéger, je me faufilais en évitant les graines acérées d’aquarbor qui venaient se ficher, mûres à point, dans la vase environnante. Heureusement, pour autant que l’encycloweb me l’avait confirmé, il n’y avait a priori aucune grosse bébête à longues dents qui se cachaient sous les feuilles en putréfaction de cet ignoble marécage géant.
Je finis par trouver un endroit suffisamment sec pour m’asseoir et laisser le temps à ma peau de se défriper. Assise sur une racine, je sortis mes armes d’attaque, spéciales gloubis. Une longue étude du mode de vie de l’animal m’avait éclairée sur la manière de procéder. Alors, avec moult précautions, je sortis de mon sac à dos étanche… un petit régime de bananes vertes, fruit dont ils raffolent. Je me déguisai bientôt en tas de feuilles boueuses grâce à une tenue de camouflage brevetée, d’autant plus efficace qu’elle était maculée de vraie boue locale, et je brandis ma banane verte bien haut au risque d’avoir très rapidement une crampe, tout en poussant de petits cris – censés être le cri du gloubi en rut – qui ressemblaient à quelque chose du genre : Kawouit, kawouit !
Évidemment, je me félicitais qu’il n’y eût pas âme de vie sur M1245P3, parce qu’il faut bien l’avouer, j’avais à cet instant un air parfaitement ridicule...
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¡Kawouit, kawouit! es casi el grito mañanero del Canto da aracuan
RépondreSupprimerhttps://youtu.be/TEaOVVxgl-g