Lorsque je commençai à émerger de cette période d’inconscience, la 1ère chose que je remarquai fut une impression nauséeuse accompagnée de l’atroce sensation d’être mouillée jusqu’à la moelle.
Je me décidai à entrouvrir les yeux. Mal m’en prit. Ce que j’entraperçus avant de refermer très rapidement les paupières me glaça d’horreur : à quelques centimètres de mon visage, deux énormes yeux globuleux jaunâtres et injectés de sang emplissaient mon champ de vision. Un monstre… Une bête immonde était en train d’estimer la tendreté de sa proie…C’est alors que retentit un « Kawouit » suraigu.
Mes deux mains se refermèrent alors de concert sur un cou serpentin couvert de petites plumes rêches. J’avais visé le haut du cou, juste sous la tête, car je ne tenais pas à me prendre un coup de bec. Un gloubi ! Je tenais un gloubi ! Tenir n’était peut-être pas le mot approprié. Car l’espèce de gros poulet jaune vif et palmé que je croyais avoir capturé n’était pas déterminé à se laisser faire. C’est fou l’énergie que peut déployer un animal ridicule de 5 kg. J’étais propulsée en tout sens. Battant frénétiquement de ses moignons d’ailes, le gloubi se tortillait comme un ver en donnant de violents à-coups qui, régulièrement, me plongeaient, soit au bouillon, soit contre les troncs gluants d’aquarbor. Et je vous laisse imaginer les cris poussés par la bestiole. A mon avis, toute la planète savait qu’un chasseur de zarbis opérait dans le coin.
Mais je n’étais pas décidée à lâcher. Au bout d’une bonne heure terrienne, le gloubi commença à fatiguer. Ses hurlements se transformèrent en piaillements et je pus enfin le caler sous le bras. Je me permis enfin de l’observer : incapable de voler, le gloubi se déplaçait en général en faisant ce qu’on pourrait appeler du barefoot, entraîné par des ailes microscopiques pour son poids qu’il agitait à la façon d’un colibri géant et difforme. Son bec était énorme, couvert d’excroissances bizarres de couleur carmin. Et ses yeux en forme de soucoupe étaient frangés de longs cils noirs qui auraient pu concurrencer ceux de Betty Boop. Il avait pris l’odeur du marécage immonde qui était son habitat naturel et la boue dont il était couvert me contraignait régulièrement à raffermir ma prise. C’est avec soulagement que je pus enfin le caser dans une cage aménagée de l’astro27R qui m’attendait au spatioport.
Mission accomplie. J’allais enfin pouvoir quitter M1245P3…
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