Le lapin blanc sauve sa peau

Alice feuilletait une liasse énorme de vieux papiers : « On n’y retrouve rien dans ces archives. Quel fatras ! Cela n’a aucun sens ! Que des cartes ! Et on ne sait ce qu’elles représentent.

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- Montez sur une chaise, vous verrez mieux, rétorqua le lapin blanc. Le fond n’a pas de forme, la forme n’a pas de fond et les cartes montrent plusieurs territoires.»

Levant la tête, Alice observa le lapin blanc qui ne cessait de s’agiter, faisant sauter les chapeaux de tous les curieux qui passaient : « Brillante idée que de fixer ainsi l’heure de votre thé à un moment qui n’est pas du tout adapté pour apprécier ce breuvage, vous n’aurez Personne assurément.
- C’est pour un non-anniversaire. Ce sera parfait !
- Suis-je invitée, s’enquit Alice.
- Vous ! Vous plaisantez. Vous seriez capable de me sacrifier pour le goûter au pied du monolithe. Vous n’avez aucun sens de ce qu’il convient de faire, aucun code moral.»

Alice renifla, agacée : « Pff, tout de suite les grands mots. On voit bien que c’est votre jeu favori, les mots. Le râble de lapin ne convient pas à l’heure du thé et je suis végétarienne. De toute façon, rien n’a de sens justement. Et vous courez trop vite. C’est mission impossible que de vous rattraper. On apprend cela sur les bancs de l’école.
- C’est parce que j’oublie où je vais me sauver. J’évolue dans un vrai labyrinthe.
- Hum, je conçois que cela puisse vous affecter. Mais n’oubliez pas vos non-invités ! Ceux-ci pourraient vraiment se fâcher s’ils recevaient une non-invitation. Et puis, faites-moi un rapport circonstancié.
- Vous n’avez pas peur d’être décoiffée ?, questionna le lapin.
- Je n’ai pas de chapeau voyons…
- Je croyais que vous n’osiez passer les portes et que vous préfériez bouquiner dans votre fauteuil.
- Il y a un temps pour tout, un temps pour passer les portes, un temps pour observer.
- Votre thé va refroidir. Il sera imbuvable.
- C’est de votre faute. Vous pourriez m’en servir une tasse. Je vous aurais offert un café, un excellent remonte-temps pour les lapins traqués. Et ce n’est pas comme si j’étais entourée d’une horde sauvage. Regardez, il n’y a Personne. Juste des chapeliers fous. Soyez constructif, que diable ! Pourquoi voulez-vous qu’ils mangent du lapin alors que tout ce qu’ils veulent, ce sont des chats à fouetter ? Enfin, c’est ce qu’il semble. Et ce n’est pas gagné avec tous ces chats énigmatiques qui disparaissent et réapparaissent. »

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