C’était visiblement une combinaison équipée au niveau de la tête d’une sorte de masque de plongée grand format :
« Je sais bien que je suis petite, mais cet accoutrement semble visiblement prévu pour un short grey, vu la taille relative du corps et de la tête…
- Essayez-le dans votre cabine, vous verrez. Pour l’instant, pas besoin de mettre la cagoule et le masque. Et ne vous inquiétez pas, j’en ai un pour moi aussi… »
Visiblement celui de Lark était aussi ridiculement étroit que le mien. Je me demandai vraiment comment j’allais pouvoir entrer là-dedans. Comme me l’avait conseillé Lark, je m’isolai pour l’enfiler. J’avais une fois, par curiosité, essayé un archaïque bas en nylon du XXème siècle et je me souvins avec horreur des contorsions que j’avais dû exécuter pour parvenir à le faire monter jusqu’en haut de mes cuisses. Peut-être ne maîtrisais-je pas bien la technique, il faut l’avouer. Mais les Ummites avaient nettement amélioré le concept. A ma grande surprise, le tissu étrange semblait s’élargir à volonté. On ne se sentait même pas opprimé, engoncé. A vrai dire, il semblait qu’un léger espace libre se créait entre la peau et le textile – si l’on peut parler de textile. De plus il se fermait automatiquement sur le devant comme s’il s’auto-soudait. C’était confortable. Même trop, d’une certaine façon, car on en oubliait qu’on portait un vêtement.
Quand j’apparus devant Lark, celui-ci me lança :
« Ouah, il moule bien vos formes…
- Les vôtres aussi, à vrai dire, rétorquai-je avec un sourire largement ironique. Et pourquoi ce costume?
- Hum… Vous allez comprendre plus tard. Je voudrais d’abord vous montrer quelque chose.»
Lark pianota sur son générateur ultrasonique et en un instant... la paroi du vaisseau disparut. Nous étions suspendus dans le vide, avec une vision à 360° de l’aéroport. Je me penchai pour voir mes pieds flotter à près de 2 mètres du sol. J’étais soufflée.
« Pas mal, non ?, s’enquit Lark.
- Je reconnais que c’est bluffant.
- Un simple jeu de transducteurs de signaux lumineux et les parois semblent transparentes. Avant de partir dans l’espace pour notre cher ami Gordo, je voulais vous offrir une petite visite des merveilles de notre planète. Mais si on ne veut pas trop retarder notre mission, il va falloir passer par moment en vol atmosphérique à haute vitesse, d’où les tenues… Je vous préviens, c’est, euh… surprenant, mais, en vol lent dans cette nef, nos paysages sont renversants ! Alors, d’accord pour ce petit détour ?»
Je n’avais rien contre un peu de tourisme, mais ce qui m’inquiétait c’était l’expression de Lark lorsqu’il avait dit surprenant. Je n’eus pas le temps de spéculer sur ce qui m’attendait ni sur le fait que Lark se révélait plus sensible que prévu – et pourtant j’adore spéculer - car mon coéquipier venait de déclencher l’ouverture dans la paroi qui nous faisait face de sortes de trous assez profonds à quelques dizaines de cm du sol.
« Allongez vous là-bas dos au sol et entrez la partie basse de vos jambes dans le trou jusqu’aux genoux, me demanda-t-il en montrant l’exemple.»
J’étais à peine couchée dos au sol, jambes pliées et coincées dans un des orifices que la cabine où nous nous trouvions se mit en rotation lente autour de l'axe du vaisseau circulaire. Et curieusement, j’eus la sensation alors même que j’avais le regard rivé sur ce que je savais être le plafond que ce fameux plafond n’était plus là mais au-dessus de ma tête. Difficile à expliquer mais difficile à vivre aussi. Et finalement, j’étais assise normalement si ce n’est qu’au lieu d’être sur un siège, j’avais juste les mollets et les pieds enfoncés dans le plancher.
« J’ai le mal de mer, je crois que je vais vomir.
- Mais non, ça va passer, dès que le régime de vitesse sera établi.»
Lark actionna alors une nouvelle commande et un panneau vint glisser à l’oblique pour se mettre juste en face de nos yeux et afficher la vue extérieure avant de l’appareil. Ainsi nous avions toujours l’impression d’avoir une vue à 360° sur l’espace extérieur. Simultanément des claviers apparurent devant nous ainsi qu’un nombre impressionnant d’écrans secondaires transparents. Sur l’un d’eux, le globe terrestre bleuté, tournait lentement devant nous.
The Earth seen from Apollo 17 - Domaine Public : https://commons.wikimedia.org/wiki/Earth#/media/File:The_Earth_seen_from_Apollo_17.jpg
« C’est mieux comme ça, non ? Les claviers ont été rajoutés pour nous les Terriens. On pourrait aussi mettre le casque tout de suite. Mais je préfère le mettre uniquement quand c’est nécessaire. Vous verrez, vous vous y ferez.
- Si vous le dites…
- C’est parti. Nous allons d’abord quitter les alentours du spatioport à vitesse lente.»
Quelle impression ça doit faire de voir la terre ? Peut-être cela fait-il peur ?
RépondreSupprimerVu les traitements que nous lui infligeons, c'est fort possible.
RépondreSupprimeroui cela doit être de plus en plus effrayant de voir chaque année la Terre affligée par nos affreuses inventions.
RépondreSupprimerL'actualité ne fait que le confirmer, malheureusement.
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