Ep8 Tout se mérite

Finalement, je renonçai à déguster ce plat délicat.
Tendant le bras vers mon verre à reflets holographiques, je m’apprêtai à me rincer la bouche. Le liquide était rouge clair. Était-ce du vin ? Je l’approchai de mes narines pour vérifier. L’odeur en était agréable. Un mélange de vin et de framboise peut-être.

« A notre excellent repas ! ajoutai-je à Lark avec un clin d’œil.
- Vous n’allez pas boire ça ! rétorqua-t-il, l’air horrifié.
- Euh, si…, répliquai-je après une brève hésitation. Pourquoi ne le ferais-je pas ?
- Notre hôte a une drôle de réputation. C’est un trafiquant reconnu. Qui sait ce qu’il y a là-dedans…
- Regardez, il y a d’autres terriens là-bas, ils ont la même boisson que nous. Pourquoi diable Gordo Laps risquerait-il une chose pareille ? Pour nous voler ? Je n’ai rien sur moi… Pour se faire enfin repérer et arrêter, alors que toutes les polices galactiques rêvent de le coincer… ça ne tient pas debout…
- Vous avez peut-être raison », admit Lark. Mais il avait soudain pâli et il scrutait nerveusement la salle du regard.

Je lui lançai un coup de coude et vidai mon verre d’un trait :
« C’est délicieux, vous devriez trinquer ! Et c’est… très alcoolisé…»

La tête me tournait légèrement, ce breuvage s’ajoutait à mes excès de la soirée. Mon acuité auditive était décuplée et le bruit de succion d’un Boltek en train de siroter sa gelée avec sa trompe vibra curieusement dans mon crâne.

Lark me fit signe de lever la tête vers un des murs du fond. Sur un écran géant, Gordo Laps, dans une surprenante robe de chambre à fleurs stylisées rutilantes, venait d’apparaître avec sur les lèvres le sourire typique d’un candidat aux élections :
« Chers amis, permettez-moi de vous souhaiter un excellent repas. Je remercie ceux et celles qui ont accepté de participer à ce gala de bienfaisance, destiné à financer la construction d’une couveuse pour cette charmante espèce en voie de disparition que nous venons de découvrir sur NT248. »

Son annonce résonna à travers la salle, semblant produire un léger effet d’écho. Lark me regarda, l’air encore plus inquiet que précédemment :
« Ce, ce n’est pas gratuit ?.... »
Je reconnais, que, moi aussi, j’étais surprise par ce message :
« Eh bien, j’ai été invitée et sur l’invitation, il n’était pas mentionné que c’était pour une oeuvre de bienfaisance… »

Sur l’écran, Gordo Laps, venait encore de se rapprocher, on ne voyait plus que ses yeux, pâles, incolores, trop ronds :
« Mais, j’ai aussi l’immense plaisir de recevoir ce soir quelques personnes qui m’ont été bien utiles et à qui je souhaite, à l’issue de ce dîner, demander un petit service… »

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Lark et moi, échangeâmes spontanément un regard qui en disait long et d’une seule voix, nous écriâmes :
« Un service ! Quel service ? »

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