Cela faisait des semaines ou plutôt des mois que nous étions partis vers Xanton pour récupérer un chargement d’œufs d’une espèce endémique exoplanétaire en voie d’extinction. De quoi vous dégoûter à vie des omelettes.
Bon, je me rassurais en pensant à la prime à l’issue de la mission. Mais, je trouvais malgré tout le temps très long. Le pire, c’est que nous devions rester immergés dans la gelée qui nous protégeait en phase d’accélération, barbotant jour et nuit dans nos étroits scaphandres synthétiques, craignant que les nanorobots qui devaient grouiller dans notre corps n’avertissent quelque ethnie agressive de notre présence.
Je regrettais vraiment l’antique technologie des caissons d’isolation et le sommeil glacial qu’ils procuraient.
Lark et moi finissions par nous chamailler à longueur de journée, histoire de tromper l’ennui, comme deux vieux galériens aux fers sur le même banc de rameurs :
« Tu as triché ! Tu as avancé ton pion d’une case de trop.
- Impossible, c’est contrôlé par le XANMOO…
- Mais si, il était là… Et il est arrivé là… 9 cases ! Une de trop.
- Mais non ! C’était un 8 ! Tu n’as pas vu la barre. Mets des lentilles.
- Et pourquoi ils ne sont pas traduits les chiffres ummites, hein ?
- Parce que tout le monde les apprend à l’école, en primaire… »
Pendant ce temps, DIUUL se livrait à une foule de calculs complexes, modifiant notre trajectoire, interrogeant Olga et nous regardant parfois à travers l’image de notre casque avec un air condescendant très éloquent.
Pourtant, nous finîmes enfin par atteindre le système solaire de Xanton. C’est là, à l’approche de la première planète en orbite, que DIUUL daigna enfin nous consulter sur la marche à suivre :
« Alors, comment comptez-vous débarquer sur le spatioport 39B4 de Xanton ?
- Ben, euh, le XANMOO a ses coordonnées donc on enclenche le mode automatique, répondit Lark.
- Évidemment, vous n’avez, ni l’un ni l’autre, étudié le dossier que vous a transmis Gordon.
- On n’allait tout de même pas lire les 2000 pages de données numérisées sur la micro-capsule alors qu’on a, à bord, un XANMOO dernier cri.
- Savez-vous au moins si cette planète est habitée par des OEMII ?
- Euh, oui, une espèce plutôt intelligente…
- Que savez-vous de son stade de développement ?
- Ils en sont à peu près à ce que nous étions au début du XXIème siècle, ils ont des engins volants et même quelques satellites de surveillance.
- Savent-ils qu’ils ne sont pas les seuls OEMII dans l’univers ?
- Non.
- Donc ?…, nous interrogea DIUUL avec l’air du vieux prof moqueur qui savoure le moment où il va coincer l’élève inattentif.
- Donc, nous devons éviter d’être vus, rétorqua Lark, le sourire aux lèvres.
- Sinon ?..., poursuivit DIUUL
- Sinon, ces sauvages primitifs vont nous mitrailler avec leurs antiquités et ça pourrait rayer la carrosserie lustrée de notre UEWA, continua Lark de plus en plus fier de lui. »
Illustration réalisée à partir de cliparts de : https://openclipart.org
Prudente, et attendant de voir où DIUUL voulait en venir, j’écoutais leur conversation en me mettant en retrait.
« Exemple caractéristique de réaction observable chez un OEMII de votre astre froid, constata DIUUL nous regardant de coin. Quand vous avez trop de données à traiter, vous abandonnez et vous foncez dans l’action, exactement comme nos UUGEE les plus jeunes. Vous risquez bien plus que cela, mes frères...»
C’était la première fois que j’entendais DIUUL, s’adresser à nous en ces termes, mais le « mes frères » sentait l’ironie à plein nez. Et pas besoin d’avoir l’hypersensibilité olfactive des ummites pour le percevoir.
« Parce que c’est interdit par les règles de la Conféd., complétai-je. » Lark me lança un regard furieux qui disait en substance : « Elle fait son fayot, maintenant ! »
Illustration réalisée à partir de cliparts de : https://openclipart.org
« Meilleure réponse, mais ce n’est pas celle attendue, sanctionna DIUUL… »
"craignant que les nanorobots qui devaient grouiller dans notre corps n’avertissent quelque ethnie agressive de notre présence."
RépondreSupprimerUne ethnie est une composante culturelle d'une race d'êtres vivants qui peuvent se reproduire entre eux. Dans l'espace, ainsi sur sur terre, il me semble qu'il n'y ait pas une race unique. Les termes "toute forme de menace", "toute forme de danger" étaient me semble t-il plus pertinents. Tel que les mots sont utilisés, l'idéologie politique de l'auteur, ainsi que la culture de l'auteur, sont clairement identifiables. Cela influence le lecteur à son insu et les propos sortent donc du cadre de la théorie scientifique.
Sinon, c'est toujours un plaisir de te lire.
Gros Bisous !
Mon très cher ami,
Supprimer1) Petit cours de grammaire : le mot « quelque », employé sans article devant un nom, est un adjectif indéfini synonyme de un(e) quelconque parmi un plus grand nombre.
Donc, « quelque ethnie » est l’équivalent de « une quelconque ethnie parmi tant d’autres».
Inutile alors de préciser que ma phrase ne met nullement en cause la multiplicité potentielle des races extraterrestres.
2) Je serais curieuse de savoir quelle orientation politique inavouable se cache derrière cette remarque banale d’un personnage de roman non assimilable à l’auteur.
Mais ton commentaire est très révélateur du caractère obsessionnel de ton propre intérêt pour la politique…
3) Le roman Futur en Folie, comme son nom l’indique, est un pur délire sans prétention scientifique aucune. Cela n’a rien à voir avec d’autres billets du blog à caractère effectivement un peu plus sérieux.
J’en déduis donc que les « ummites », vrais ou faux aliens, ont raison quand ils s’inquiètent de l’amalgame qui peut être fait rapidement par certains entre les textes de leurs lettres et des réflexions un tant soit peu concomitantes.
Cela dit, c’est toujours un plaisir de t’avoir comme lecteur,
Gros bisous !
Tu as répondu avec tes sentiments et une certaine rancune (?). Bref, tu as une posture très défensive et tu positionnes ton interlocuteur lui aussi en position défensive. La communication en devient donc froide.
RépondreSupprimerJ'ai simplement mis en exergue la confusion que peut provoquer ce type d'argumentation. Et c'est justement parce que c'est un roman que cela est très intéressant à lire.
D'un point de vue sociologique d'autres mots auraient pu être utilisés pour éviter le "politiquement correcte" de certains groupes sociaux. Ces mots sont : populations, peuplades, peuples, groupes, et cetera.
Une ethnie désigne un groupe d'humains UNIQUEMENT. Pour désigner un groupe de races multiples (extra-terrestres compris), le terme de populations était meilleur.
Enfin, je n'ai jamais dit qu'une idéologie quelconque est inavouable. Mais elle doit être explicitée. Le langage idéologique est parfois très difficile à distinguer du langage commun et parasite souvent une étude dite scientifique. Je voulais simplement te mettre en garde de ton utilisation du mot "ethnie". En sciences humaines, le terme population est le terme qui fait consensus.
Je n'ai jamais perdu de vue la vocation de ce site Web.
Désolée d’insister mais le terme ethnie me paraît au contraire bien choisi puisque j’évoque dans l’extrait cité des extraterrestres humanoïdes d’une même origine et du même groupe socio-culturel, sans m’attacher à un aspect géographique ou politique. La notion de peuple décrit par exemple très bien les « ummites », mais ne convient pas dans le contexte de ma phrase.
SupprimerEn outre, quand tu précises qu’une ethnie n’est composée que d’humains, c’est toi qui t’imposes cette limitation. Car, c’est quoi un humain ? Pour moi, un extraterrestre intelligent et doté de certaines qualités morales pourrait être qualifié d’humain, même s’il était équipé de tentacules. Évidemment, il n’est pas compatible biologiquement avec nous.
Alors, on peut être tenté de parler de race extraterrestre, mais le terme de race qualifiant des animaux, n’est vraiment pas l’idéal pour évoquer des humanoïdes.
Peu m’importe le « politiquement correct », je me sers juste des mots qui servent le mieux le fond de ma pensée. Tout du moins, j’essaie.
Mais j’arrêterai là cette conversation, qui, te connaissant, pourrait s’étendre au-delà du raisonnable, même si tes sentiments n’interviennent nullement dans tes commentaires (lol).
PS : Je n’éprouve aucune rancune, mais de l’exaspération.
J'oubliais ! pour reprendre TA PROPRE DEFINITION, une ethnie est une composante culturelle d'une race d'êtres vivants qui peuvent se reproduire entre eux. Ce qui prouve bien que dans un groupe d'humanoïdes extraterrestres, on peut trouver plusieurs ethnies et que ce terme n'est pas limité aux humains (au sens terriens). Donc on peut imaginer un groupe de "petits gris" appartenant à une ethnie hostile et un autre appartenant à une ethnie amicale...
SupprimerAh, j'ai compris c'est un problème de définition et de sens donnés aux mots-référents. J'ai pris comme référence Wikipédia car c'est l'encyclopédie la plus accessible au plus grand nombre (donc la meilleure comme référent commun) :
RépondreSupprimer"Une ethnie ou un groupe ethnique est un groupe humain possédant un héritage socioculturel commun, comme une langue, une religion ou des traditions communes. Elle est un concept important de l'ethnologie et de la sociologie.
fr.wikipedia.org/wiki/Ethnie"
Mince, c'est ma déformation professionnelle qui a provoqué ce quiproquo.
Mon postulat, résultat de plusieurs années d'études, est le suivant :
- tout être vivant est à considérer de manière identique quelque soit sont degré d'intelligence
- le mot "race" désigne un groupe d'êtres vivants animaux qui peuvent se reproduire entre eux. Sinon, ce sont des espèces. Donc je pars du principe qu'un extra-terrestre ne peut pas se reproduire avec un être humain (homo sapiens sapiens).
Bref, oui nous parlons des même choses avec un langage différent. Mais oui, pardon.
Note : j'ai cru ressentir une certaine mise-à-distance symbolique avec les termes "mon très cher ami".
Ben voilà, nous sommes d'accord finalement !
SupprimerNous pouvons enterrer la hache de guerre, mon très cher ami (mdr).
Mais oui ! Eureka ! LOLL !
RépondreSupprimerC'est qu'en fait, avec le cloisonnement disciplinaire (y compris entre sciences sociales), nous utilisons souvent les mêmes termes mais avec de légères variantes de sens dans leur utilisation. Résultat, on s'embrouille et moi le premier. Ce serait plus simple, si toutes ces disciplines n'étaient pas aussi compartimentées. Ça éviteraient pas mal de soucis de compréhension. On s'embête souvent avec des langues différents mais on oublie souvent qu'il y a aussi des langues dans la langue. Bref ! :-p
Bisous !
Note : les espèces sont donc des composantes d'une race unique. En somme, les "races" de chiens ne sont pas des races mais des espèces de canidés.
RépondreSupprimerUne conversation animée avant de s'endormir!
SupprimerLes disciplines compartimentées, les problèmes de terminologie, la plaie des ummites. Tu vas finir par penser comme eux !
Bonne nuit et bisous !
Oups, j'ai fait deux fautes d'orthographe... la honte.
RépondreSupprimerBonne nuit, bisous !
Je suis tombé sur un article intéressant qui pourrait t'intéresser :
RépondreSupprimerhttp://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article1863
Pourrais-tu réaliser un billet sur ce sujet?
Bisous!
Cet article évoque le fait que certains utilisent les mathématiques et leur aspect intimidant pour le profane comme un argument tenant lieu de preuve.
SupprimerIl cite d'une part l'équation de Drake, d'autre part les travaux de Meessen autour d'une éventuelle modélisation des phénomènes de contagion dans les rapports d'OVNI.
Je suis entièrement d'accord avec l'auteur sur le fait que l'équation de Drake dont les termes nous sont inconnus n'apporte rien en soi.
Quant aux modèles de contagion sociologique intervenant dans les témoignages d'OVNI, nul ne les connaît et effectivement citer une formule mathématique pour démontrer que la vague belge ne peut se réduire à une série de confusions ou d'auto-suggestions ne me semble pas être la démarche à suivre. La vraie question dans la vague belge, c'est de savoir ce qu'ont poursuivi les F-16! Et si les témoins sont si facilement influençables, comment se fait-il que l'UFO de Phoenix, bien plus spectaculaire, n'ait pas engendré de "vague"?
De toute façon même si 10 000 000 de témoins prennent un ballon sonde pour un OVNI, cela ne prouve en rien la non existence du phénomène. C'est une faute de raisonnement.
Je ne ferai pas de billet sur le sujet car on s'éloigne trop du thème UMMO. Mais ce qu'il faut retenir c'est que les mathématiques sont un outil et en aucun cas une science. L'univers est-il, de toute façon, entièrement modélisable par les mathématiques ? Je laisse les philosophes se casser les dents sur la réponse.